Les dieux ont soif

Avec toute l'apparence d'un roman historique, l'histoire se déroule pendant la Terreur. Les personnages fictifs y croisent des personnages réels comme Robespierre ou Fouquier-Tinville. Le récit met en scène Évariste Gamelin, un jeune peintre parisien devenu un fanatique révolutionnaire. Juré du Tribunal révolutionnaire, son indifférence à envoyer les accusés à la mort contraste avec son personnage que tout dispose à la gentillesse, voire à la faiblesse. Par ailleurs, son amour avec Élodie, la fille de son marchand d'estampes, accentue encore le paradoxe d'un homme pris dans une passion sanguinaire dont il ne réalise pas les extrémités meurtrières. Ce roman, considéré comme l'un des plus importants d'Anatole France, nous livre au-delà de l'oeuvre de fiction une vision moderne de l'histoire ainsi qu'un questionnement sur le pouvoir.

Issu d'une famille modeste, Anatole France est élevé par un père libraire. Il travaille au début des années 1860 pour diverses librairies et revues et commence sa carrière littéraire par la poésie, avant de se tourner vers la prose. Son premier succès arrive en 1881 avec Le crime de Sylvestre Bonnard. Il s'engage ensuite dans de nombreuses causes sociales et politiques, reprises dans des oeuvres comme Histoire contemporaine ou L'île des Pinguoins (1908). Le style d'Anatole France est classique, mais aussi spirituel et toujours porteur d'humour, tantôt naïf ou féroce. L'ensemble de son oeuvre a reçu le Prix Noble de la littérature en 1921.